Une brève histoire de retour...


Une petite histoire édifiante, une petite histoire vécue, inscrite dans la vie, la mienne. Je vous la livre car je trouve qu’elle incite à la réflexion.

Nous sommes au début des années 90. Je suis directeur d’une école primaire dans un quartier classé ZEP. Ce classement ne doit rien au hasard, des problèmes récurrents sèment régulièrement le trouble dans le quartier. Petits larcins, comportements violents, agressions verbales et physiques parfois. Un père dont les deux fils ont été scolarisés quelques années avant dans mon école vient me trouver un soir après l’école. Il a, me dit-il, un conseil à me demander. Et il m’explique que ses fils « se comportent mal », qu’ils « font des bêtises », surtout l’aîné,  et qu’il ne sait pas comment faire cesser ces comportements. Imaginez ma réaction : comment trouver les mots, quelle solution envisager, de quel droit les proposer. Nous discutons un long moment, son désarroi me touche. Juste avant que nous nous quittions, il me dit simplement. « Bon, j’ai décidé, il me fait honte, il ne respecte pas ce pays, je le renvoie en Algérie ». J’avoue n’avoir pas su lui répondre, j’ai du lui bafouiller quelque chose comme « Euh… Vous croyez »… stupide et inefficace… Le fils est donc parti.

Seulement, les temps sont troublés en Algérie. Le GIA sème la terreur et notre jeune révolté est enrôlé dans l’armée dès son arrivée sur le sol algérien. Trois ans ! Il va découvrir les horreurs commises par le terrorisme, il va lutter contre lui.  Trois longues années pendant lesquelles son père passera me voir régulièrement chaque fois qu’il aura des nouvelles. J’ai la certitude que j’étais la seule personne avec qui il pouvait en parler.

Au bout de ces trois très longues années, celui qui était parti rebelle est revenu en terre de France au plus vite. Il avait bien changé… Le frère cadet lui s’était très vite calmé ne voulant pas faire le même voyage que le grand frère.

L’histoire ne s’est pas arrêtée là. Très vite après son retour, il est venu me voir, nous avons beaucoup parlé. Il a créé une association pour prendre en charge les jeunes désœuvrés du quartier. Nous avons beaucoup travaillé ensemble. Il a été un parfait « grand-frère ».

 

Voila ma petite histoire, ce n’est pas une fable mais vous saurez en tirer votre propre morale.

 



16/01/2015
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