Rapport Gallois et compétitivité: de qui se moque-t-on?


https://static.blog4ever.com/2012/01/636480/c_6657436.gifompte tenu que vous avez été gavé d’informations sur le sujet, je pense que vous êtes tous devenus des spécialistes de la « compétitivité »... Mieux, vous êtes maintenant tous prêts à faire les sacrifices qu’on vous demandera pour devenir plus compétitifs ; même si cela devait vous conduire à manger du riz un jour sur deux et à vous faire brider les yeux...

Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour se plier aux diktats du « sauvage échangisme » et être plus compétitifs que les Allemands, les Chinois, les Turcs, les Indiens, les Marocains, les Bangladais, les Africains, ... et à, à peu près tous les autres peuples de la terre, à l’exception des pays scandinaves qui, tout en ayant les salaires minimums et médians les plus élevés d’Europe, se foutent vraiment de nous, en ayant en plus des balances commerciales excédentaires et le système de solidarité sociale le plus développé du monde, parmi bien d’autres « bizarreries »...

 

Mais ne parlons pas des exceptions, ça pourrait jeter le trouble. De toute façon, les comptes-rendus médiatiques sur le rapport Gallois vous l’ont dit et répété, nous ne sommes pas assez compétitifs ! Mais est-ce vraiment ça le problème ?

 

 

L’étonnant « glissement » sémantique... 

 

https://static.blog4ever.com/2012/01/636480/a_6657435.gif mon sens, le premier problème, c’est qu’il y a arnaque sur les mots...enfin, le mot...

 

N’être pas assez compétitif, ça renvoie, au niveau de l’imaginaire, à la responsabilité personnelle des individus ; on pense de suite, surtout, à ces salauds affreux égoïstes anticompétitifs salariés français, qui ont besoin au minimum de dix fois plus d’argent pour vivre qu’un Chinois ou 80 % de plus qu’un Espagnol... et qui en plus, parmi tant d’autres exigences folles, veulent que les entreprises payent pour la solidarité nationale... Bref, ça développe un imaginaire de « combattant », où les individus se sentent coupables de vouloir être mieux payés qu’un Chinois, ainsi que de ne pas arriver à faire aussi bien que les autres.

Mais en réalité, la compétitivité, c’est un sac fourre-tout qui peut contenir aussi bien la productivité, que la rentabilité, ou les coûts, ou l’excellence du management, et tout autant, n’importe quel autre critère de benchmarking qui s’attache à comparer les performances dans différents domaines, selon des références prédéfinies. Aussi, le mot même de « compétitivité » ne veut rien dire tout seul, si on ne lui adjoint pas des adjectifs ou les domaines sur lesquels il est censé s’appliquer. En parler comme d’un problème global, c’est déjà noyer le poisson pour éviter d’utiliser les bons mots ; car, arrêtons ce suspens insoutenable et venons-en au fait : les industries et les entreprises se barrent surtout parce qu’elles font plus de profit ailleurs, et c’est tout ; pas parce qu’on ne serait pas assez « compétitif ».

Vous remarquerez, que si on parlait de rentabilité ou de profitabilité comparative des entreprises, tout à coup, le débat serait tout autre. On finirait par se demander, comment ça se fait, que les actionnaires, les grands patrons, les financiers trouvent que les salariés français ne rapportent pas assez d’argent ; alors même qu’ils ont les taux de productivité, parmi les plus élevés au monde, comme le confirment régulièrement les études statistiques. Y aurait-il comme un défaut au niveau du management, pour qu’aucun patron ne soit en mesure « d’exploiter » cette manne ? Et n’y aurait-il pas une arnaque politique, relayée par les médias aux ordres, pour déplacer les problèmes et nous distraire des vraies questions, notamment celles qui concernent la responsabilité de ces mêmes politiques ? Entre autres, d’avoir accepté et promu un système d’échanges international, ainsi qu’institutionnel (pour nos propres structures, mais également celles de l’Europe), qui nous mettent, de facto, dans cette situation insoutenable...

En tout état de cause, ça n’est pas pareil de dire « l’industrie française n’est pas compétitive », ou « la rentabilité des entreprises est meilleure ailleurs »... J’espère que vous saisissez la nuance (de taille) parce que, non seulement ça ne renvoie pas aux mêmes responsabilités, aux mêmes problèmes et aux mêmes choix, mais surtout ça ne se traite pas du tout de la même façon...

 

Pour faire simple et grossier :

- si on n’est pas assez compétitif, c’est qu’on est trop con pour faire aussi bien que les autres... Et alors, tous les efforts doivent porter sur le développement de l’intelligence et des savoirs.... surtout des managers et des politiques d’ailleurs...

- mais si, à productivité égale (ou supérieure dans le cas de la France), c’est un problème de rentabilité des entreprises, alors les leviers de changement se situent essentiellement aux niveaux structurels et monétaires, ainsi que dans la façon dont un pays laisse son marché accessible à tous ceux qui ne respectent pas les mêmes règles que lui et même aux prédateurs (comme un Mittal)...

 

On voit bien que dans un cas ou dans l’autre, les leviers d’intervention sont très différents. Il ne sert à rien d’avoir de la productivité sans rentabilité, alors qu’on peut être très con et très improductif en ayant beaucoup de rentabilité...

Le « débat », en parlant de compétitivité, est donc a priori mal posé, parce que c’est de rentabilité des entreprises dont il s’agit et pas du tout de compétitivité... ou alors, il faut définir de quelle compétitivité on parle, et dans ce cas ce mot ne sert plus à rien... sauf, si on veut embrouiller les gens en ne parlant pas des vrais problèmes.


 

 

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11/12/2012
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