JF. Copé et les conflits d'intérêt.


Décidément, le probable futur président de l’UMP n’a peur de rien. Celui qui s’est déclaré bien vite (trop vite) président de son parti, celui qui est si facilement donneur de leçons a pourtant semble-t-il quelques soucis avec les conflits d’intérêt.

 

Outre le fait qu’il a longtemps été à la fois député et avocat d’affaires, aujourd’hui, c’est sa position au service d’un fonds spéculatif qui pose problème. Si on en croit Médiapart, il a été pendant un an au service d’un fond spéculatif nommé « Lutecia » alors qu’il était à la tête de l’UMP.

 

A ce propos, Médiapart précise : « De fin 2009 à fin 2010, d’après nos informations, il a figuré au « comité consultatif » de cette société créée par Fabrice Seiman, son ancien conseiller diplomatique lorsqu'il était ministre du budget, devenu l’une de ses « plumes » au groupe UMP, au milieu d’un aréopage de banquiers et de patrons, tels Yannick Bolloré (Bolloré medias) ou Klaus Schwab (fondateur du Forum économique de Davos). Le métier de Lutetia : parier sur le marché des fusions-acquisitions, si possible en flairant des opérations avant qu’elles ne soient annoncées publiquement. »

 

Comment ne pas parler de conflit d’intérêts quand, étant de par sa fonction susceptible de détenir des informations « intéressantes » sur des sociétés (notamment à capitaux publics), on est au service d’une société qui reconnaît que ses membres sont « sollicités  ponctuellement pour livrer leur opinion sur l’environnement macroéconomique et la stratégie de l’entreprise » ?

Malgré ses diverses dénégations, « si mon nom apparaît, c’est un usage abusif » se défend-il, Médiapart révèle (documents à l’appui), qu’en réalité, il faisait partie officiellement du comité consultatif de Lutecia en octobre 2009, date à laquelle cette société a obtenu son agrément auprès de l’autorité des marchés. Toujours selon Médiapart, son nom apparaîtrait même dès la création de la société.

Copé, donc, avec la complicité de Lutecia, chercherait aujourd’hui à faire croire que c’est malgré lui qu’il se trouve associé à cette entreprise. Comment explique-t-il alors qu’en février 2011, il participait encore à une soirée de promotion de Lutetia…

 

Ce qui n’est pas sans intérêt, ce sont les déjeuners pris au Palais Bourbon en partie au frais de l’assemblée nationale… autour de Lutetia tournent un certains nombre de personnages tous visiblement soudés par des intérêts communs.

C’est le patron de la toute nouvelle Lutetia, F. Seiman (société créée avec l’argent de papa homme d’affaires expatrié en Suisse), qui au départ travaille pour Copé en toute discrétion, sans fonction officielle ni salaire avoué. Outre fournir des notes, informations, éléments de discours, il a pour mission première de piloter Copé dans les milieux du CAC 40 et, surtout, d’organiser ces fameux déjeuners avec des patrons de toutes origines.

 

L’intérêt de ces déjeuners me direz-vous ?

 

Un exemple rapporté par Médiapart : L’histoire se passe à  l'Assemblée :  « à droite de J.-F. Copé: F. Seiman et son associé© (Optimum, mars 2010). Prenons un exemple : le 3 juin 2009, dans un salon de la questure, ils sont tous les deux attablés avec Jean-Charles Decaux (JC Decaux), Patrick Ricard (Pernod-Ricard), Claude Béglé (Swisspost) ou encore Patrick Poitrinal (Unibail-Rodamco). Fabrice Seiman a également convié son associé, ainsi que François Bugeon de l’Estaing, ancien ambassadeur de France reconverti dans les affaires, président de Citigroup France, bientôt membre du « comité consultatif » de Lutetia. 
Dans ce salon (…), les intérêts se mêlent, et parfois se fondent. Quelques jours après ce déjeuner, Claude Béglé écrit ainsi à Fabrice Seiman pour lui dire qu’il accepte de rejoindre, dans un même élan, le « Forum France-Singapour » fraîchement créé par Jean-François Copé et le « comité consultatif » de Lutetia capital.
Surtout, la société JC Decaux (numéro un de l’affichage publicitaire en Europe) peut compter plusieurs mois plus tard sur le bras droit de Jean-François Copé au sein du groupe UMP, Christian Jacob, pour faire sauter un article du projet de loi Grenelle II qui la menace directement. Dans le texte initial, deux petites lignes autorisent en effet les élus locaux, quand ils le jugent nécessaire, à prohiber toute « publicité à moins de 100 mètres des écoles maternelles ou primaires ». Pour JC Decaux, cette disposition représente une perte sèche de chiffre d’affaires.
Christian Jacob prend sur lui de rédiger un amendement de suppression, qu’il fait voter le 7 avril par la commission Développement durable qu’il préside, à la va-vite et contre l’avis du gouvernement – « Il s’agit de protéger les enfants de l’agression publicitaire », proteste pourtant le ministre présent.
Pendant ce temps-là, Jean-Charles Decaux discute avec Fabrice Seiman d’un investissement dans Lutetia capital, qui atteindra finalement, d’après nos informations, plusieurs millions d’euros. Sollicités, ni Christian Jacob ni Jean-Charles Decaux n’ont répondu à nos questions. Quant aux gérants de Lutetia, interpellés sur cette chronologie troublante, ils balayent d’un revers de manche : « Lier (notre) présence à un simple déjeuner de juin 2009 à l’Assemblée nationale avec le vote, un an après, d’un amendement technique du Grenelle de l’environnement par d’autres parlementaires n’a juste aucun sens. »
Dès le lancement de Lutetia, en tout cas, Fabrice Seiman a misé sur sa proximité avec Jean-François Copé, et son pouvoir d’influence. Dans une version provisoire de leur dossier d’agrément à l’AMF, que Mediapart s’est procurée, les fondateurs de Lutetia affichaient noir sur blanc leur intention d’utiliser les membres de leur « comité consultatif » comme des agents recruteurs : « Le comité consultatif pourrait faciliter les contacts auprès de (certaines) clientèles », écrivaient-ils, sans fard. Auprès notamment des « sociétés du secteur financier et assurantiel, public, privé et parapublic
». »


Pourquoi donc enfin s’intéresser autant à cette « pauvre » Lutetia?

Quelques chiffres pour justifier les inquiétudes.

Chiffre d’affaires 2011 : 2,15 millions d’€. Résultat net : 6000 €. Avec un président qui affirme ne se rémunérer qu’au SMIC, la différence est de taille. Ce qui surprend également, c’est que ne payant pratiquement pas d’impôts (c’est lui qui l’affirme), il habite un somptueux appartement dans le VIIIème arrondissement.

 

La question posée est donc la suivante : Lutetia n’enregistrant aucune performance financière, si on considère que 1,3 millions d’€ s’envoleraient mystérieusement sous forme de « charges externes », à quoi et à qui peut bien servir cette « officine » ?

 

Consulter avec profit l’article complet de Médiapart (payant).

 

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29/11/2012
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