Hubert Reeves écrit à Arnaud Montebourg pour s'opposer à un permis minier en Guyane


Le célèbre astrophysicien appelle le ministre du Redressement productif à préserver le territoire guyanais de l'orpaillage...

Le permis Limonade a mis de l’eau dans le gaz. Accordé par un arrêté du 26 octobre dernier signé par Arnaud Montebourg, ministre du Redressement productif, il autorise la société française Rexma à exploiter l’or de la rivière Limonade, proche du village de Saül. Or cette zone est très proche du parc national amazonien et pourrait causer de graves dommages à l’environnement et à la population.

 


 

Paris, le 16 janvier 2013

 

Monsieur le ministre,

 

En ce début d’année, les problèmes auxquels votre gouvernement doit faire face sont nombreux, votre ministère n’est pas épargné. Ainsi votre décision concernant une mine d'or en Guyane est fortement contestée par des scientifiques connaisseurs du dossier.

 

Mon propos se veut le partage de pensées inspirées par certaines situations que les responsables politiques ont à prendre en compte quand elles concernent

 -  des territoires qui ont un projet économique tout-à-fait pertinent qu’une décision prise sans eux contrarie,

 -  des territoires de peuples autochtones, ces populations dont l’identité culturelle est distincte de la nôtre.

Dans le premier cas, comme à Saül, l’éco-tourisme est le moteur économique choisi par le village qui, à l’unanimité de ses habitants, a refusé avec une logique et une cohérence incontestables, l’installation d’une exploitation minière.

Dans le second, ces peuples se savent appartenir à la biodiversité alors que nous nous comportons comme si nous étions en dehors.

Dans les deux cas, nos décisions de développement sont des obstacles à leur propre conception du présent et de leur avenir.

 

Les habitants connaissent la biodiversité de leur lieu de vie. Ils veulent la défendre et pour beaucoup la protègent déjà alors que nous prenons seulement conscience qu’elle est notre assurance-vie et commençons à souscrire à l’idée de la préserver. Contrairement à nous, ils interagissent avec les autres espèces vivantes sans les faire disparaître. L’établissement de zones protégées ne peut suffire à assurer la préservation de la diversité biologique. S’il importe à nos yeux qu’elles soient respectées, il importe aux leurs que leur milieu de vie le soit, au-delà des limites administratives d’une aire de protection officielle.

 

Ce milieu qui est d’abord le leur, ils en connaissent et respectent les dynamiques assurant la pérennité de leur choix de vie.
Ne pourrions-nous préserver de l’orpaillage le territoire pouvant faire vivre, dans un développement durable, les villageois de Saül?

 

Voilà, Monsieur le ministre, le vœu que je vous présente.

 

Avec espoir 

 

Hubert Reeves, Président de « Humanité et biodiversité »

 



18/01/2013
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