Comment les géants gaziers ont acheté la recherche sur la fracturation hydraulique


18 jan 2013 par Clyde Barrow

 

Grâce au parrainage de l’industrie des énergies fossiles, nous savons tout sur les avantages de l’exploitation du gaz de schiste – mais nous n’avons aucune donnée sur les risques qu’elle comporte.

 

Publicité Chevron

Publicité Chevron

 

La semaine dernière, la compagnie pétrolière Chevron publiait une publicité sur une page entière de l’Atlantic Monthly pour nous expliquer tous les bienfaits de la fracturation hydraulique, également appelée « fracking ».

 

C’est une des opérations de la campagne publicitaire tous azimuts de Chevron sur l’énergie humaine » http://www.chevron.com/weagree/?statement=shale&index=1qui se sert de « gens de la vraie vie » pour atténuer son image d’entreprise et plaider pour sa cause.

 

La multinationale intensifie actuellement ses opérations publicitaires alors que sort le film controversé « Promised Land » de Gus Van Sant http://www.guardian.co.uk/environment/2012/dec/17/fracking-lobbyists-matt-damon-promised-land qui montre la stratégie utilisée par les foreurs pour racheter des terrains agricoles situés sur le vaste site d’exploitation du gaz de schiste, Marcellus shale (en Pennsylvanie, NDT).

 

La publicité de Chevron dans Atlantic est cosignée par Bruce Niemeyer, un des vice-présidents du groupe, et Radisav Vidic, professeur de sciences environnementales à l’Université de Pittsburgh. Le bureau du professeur Vidic est situé à deux pas du Centre Scientifique de Chevron, un immeuble de 15 étages qui abrite un laboratoire de chimie et un établissement d’enseignement, créés grâce à la fibre philanthropique du groupe. Je lui ai demandé s’il voyait un quelconque conflit d’intérêt à signer une publicité payée par une compagnie pétrolière, alors que les universitaires sont censés être des arbitres impartiaux.

 

Il m’a répondu par mail:

 

« Pas du tout, dans la mesure où je suis d’accord sur le fait que le gaz de schiste doit être un bien pour tout le monde ou ne pas être exploité du tout ».

 

Vidic pense que la fracturation hydraulique ne comporte aucun risque et affirme qu’il n’y a eu que deux incidents prouvés scientifiquement où on a découvert que l’eau des nappes phréatiques avait été contaminée. Il m’a précisé que ni lui ni la « Swanson school of engineering » (un des départements de l’Université de Pittsburgh) n’avaient reçu d’indemnités pour sa participation à la publicité de Chevron.

 

En plus de fonder des centres scientifiques, Chevron et les autres compagnies énergétiques ont parrainé la recherche sur la fracturation hydraulique dans certaines des universités US les plus cotées, parmi lesquelles plusieurs en Pennsylvanie, un centre majeur du forage du gaz de schiste. Mais la question qui se pose de plus en plus est : peut-on se fier à ces études financées par l’industrie pétrolière?

 

Une bonne illustration. En septembre dernier, le groupe industriel Marcellus Shale Coalition (coalition du gisement Marcellus Shale), dont le siège est à Pittsburgh, a cessé de financer un projet de recherche d’une université publique de Pennsylvanie après que deux membres de la faculté se sont retirés du projet, accusant l’étude de partialité. Un rapport antérieur de l’université de Penn State (université publique de Pennsylvanie, NDT), également financé par l’industrie du gaz de schiste, a servi de référence en 2009 aux élus du congrès de Pennsylvanie http://mobile.bloomberg.com/news/2012-10-03/penn-state-faculty-snub-of-fracking-study-ends-research.html pour faire annuler un impôt de l’état destiné aux compagnies gazières.

Hélas pour l’état de Pennsylvanie, la fracturation hydraulique a créé moins de la moitié des emplois que le nombre annoncé par l’étude financée par l’industrie.

 

Les grandes compagnies énergétiques ont toujours été largement présentes dans les universités, où elles parrainent des conférences et des bourses d’études et financent la recherche.

Mais, aujourd’hui, cette influence est étendue au sous-sol de l’université également. En Pennsylvanie, le gouverneur Tom Corbett a ratifié récemment un projet de loi qui permettrait aux forages d’avoir lieu sur le terrain appartenant à l’université publique. Pour ne pas être en reste, l’Ohio, le Colorado et la Virginie occidentale ont également commencé à louer le sol sacré des temples de l’éducation pour les forages http://www.motherjones.com/politics/2012/10/pennsylvania-fracking-law-opens-drilling-college-campuses (c’est le cas au Texas depuis des années).

 

 



18/01/2013
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 356 autres membres